Réunion : Ride sur le volcan

La seconde maison de René

René Wildhaber n'a pas besoin d'un automne et hiver ensoleillé pour rouler. Au contraire, dès que les mauvais jours arrivent chez nous et que les premiers flocons tombent sur Flumserberg (sa ville natale en Suisse), juste avant d'attaquer la saison de ski en tant que moniteur, René prépare ses valises pour la Réunion. Depuis six ans maintenant René passe quelques temps entre automne et hiver à la Réunion pour participer à la Mégavalanche. Quand on lui demande ce que ça fait d'interompre une saison de ski qui débute à peine, il répond "On passe des nuages de poudreuse aux nuages de poussière, et c'est pas si mal !".

Comme chaque année, René s'est donné une semaine pour s'acclimater à l'île et commencer à connaitre le volcan par coeur, bien qu'il ait déjà parcouru des centaines de kilomètres à la Réunion. Comme l'explique René, à cause de la végétation luxuriante les trails de l'île ne durent pas bien longtemps avant d'être recouverts de plantes. Ainsi, un chemin non-entretenu disparaitra au bout de quelques mois seulement. René doit donc redécouvrir son terrain de jeu chaque année. C'est aussi ce changement de spot qui rend la Mégavalanche différente tous les ans à la Réunion... La seule chose qui reste la même étant le départ du volcan du Piton de la Fournaise à plus de 2000 mètres.

La Méga de la Réunion offre plus qu'une simple course de DH marathon aux participants, elle a aussi un but un peu plus "freeride". En effet, quelques jours avant l'épreuve, des navettes traversent la jungle, montent les riders jusqu'en haut du spot et viennent les reprendre en bas pour enchainer un maximum de runs non-chronométrés, pour le plaisir uniquement. Cependant, le trajet en bus prend deux bonnes heures tandis que les meilleurs riders descendent en moins d'une heure... C'est pourquoi la majorité des riders ne fait qu'une seule descente par jour puis continue les entrainements vers la plage.

400 riders et de la baston

Pour la Méga de la réunion 2007, on compte 140 riders étrangers venant et onze pays différents. En ajoutant les locaux, on monte à 400 pilotes qui vont se la donner dans la poussière des pentes du volcan. Mais l'idée de remporter la course est déjà écartée par la plupart des participants sachant que Nico "E.T-la-legende-vivante" Vouilloz est de la partie et qu'il compte bien assoir son siège sur la course. Ceci dit, René garde confiance, ayant remporté 5 fois la Méga de l'Alpe d'Huez. Un autre candidat sérieux est Rémy Absalon, actuel champion européen des descentes marathon.

Le départ du samedi est une explosion de poussière, si bien que seuls les riders de tête voient le terrain, les autres se contentent de suivre le nuage tout en mangeant des cuillières à soupe de poussière. Comme on s'en doute, les favoris prennent vite le large avec Vouilloz qui termine permier et René qui le suit d'une seconde.

Tôt le dimanche matin, les riders sont de retour au sommet du volcan, profitant des derniers moment de vue dégagée (avant la poussière du troupeau) sur le volcan, la jungle et la mer. Au son du départ, le nuage est encore plus important que la veille : on ne voit rien. Vouilloz et Absalon en profitent pour prendre la tête de la course.

Les départs ne sont pas le point fort de René. Il se retrouve pris au piège dans le tumulte avec une visibilité très réduite, ne voyant ni les autres riders, ni les obstacles. Il est à la quinzième place lorsque le nuage commence à se dissiper. Le single longe alors le bord du cratère, c'est le passage le plus impressionant de la course... Quand on voit quelquechose. René commence à rattraper son retard, déboulant entre savane et forêt à près de 60km/h à travers les hautes herbes.

La jungle

Même dans la jungle pourtant plus humide que le reste de la course, l'air ambiant est chargé de poussière. René rejoint Andrew Neethling et Filip Polc et le trio s'engouffre dans des tunnels de verdure, au milieu des lianes, racines et rochers. Pas de doute, c'est bien la jungle et le trio va de plus en plus vite en se suivant à moins d'un mètre. "On s'est vraiment collé, c'était excellent" déclare René à l'arrivée. C'est sur un faux plat que le Suisse va prendre le devant sur ses rivaux, juste avant la dernière descente sur Saint Paul qui s'effectue au milieu des plantations d'aubergines, de canne à sucre, de palmiers et de noix de coco.

René termine donc troisième, satisfait de sa place et d'avoir terminé la course sans encombres. Un homme seulement est resté imbattu comme toujours : Nico Vouilloz qui termine une minute devant Rémy Absalon et deux devant René (sic). Le Suisse déclarera d'ailleurs : "Vouilloz est le plus sérieux et professionnel et il en connait un rayon sur le vélo. Tout cela le rend simplement imbattable". Pour René, le plus important c'est cette super fin de saison à la Réunion.

La semaine d'après, René la passe à rouler sur les trails locaux, visiter ses amis sur l'ile et profiter de la plage et de la mer. Quelques jours plus tard la vie sous les tropiques prend fin. Après des heures d'avion René range son vélo au garage et il ressort avec les skis à la main. Il a neigé et une bonne couche de poudreuse est tombée dehors...