Commotions cérébrales dans le VTT

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Commotions cérébrales dans le VTT

Résultats de l'étude sur le  traitement ostéopathique des commotions cérébrales
article Commotion cérébrale
Texte :
Marylène Desbois, Léa W2L
Photos :

En octobre dernier nous avions publié, à la demande de Marylène Desbois, un appel à candidats pour participer à une étude sur l'ostéopathie comme moyen de réduire les effets des commotions cérébrales afin de rédiger son mémoire. 
L'article en question est à lire ici. Marylène nous a fait part des résultats obtenus et souhaite les partager avec vous. 

Sujet et objectifs du mémoire

Sujet du mémoire : Ostéopathie et symptômes de commotions cérébrales. Etude clinique sur l'effet d'un traitement adapté aux compétiteurs en VTT et BMX.

La commotion cérébrale est un véritable problème de santé publique. En France elle touche 160 000 personnes par an. Aux US elle a été déclarée fléau national en 2011 car elle touche jusqu'à 4 millions de personne par an.

Pour rappel une commotion cérébrale c'est :

  • Un traumatisme direct (à la tête ou au cou) ou indirect (au corps dont la force est transmise à la tête) ;
  • Une imagerie traditionnelle sans anomalie (scanner ou iRM) ;
  • Des symptômes cliniques qui se résorbent sous 4 à 10 jours dans 80% des cas.

Si les symptômes persistent au delà de 10 jours, on parle de syndrome post-commotionnel. Voici quelques exemples de symptômes : maux de tête, douleur de cou, troubles du sommeil, perte d'équilibre, sensibilité au bruit/lumière, émotivité accrue, etc.

La gravité de la commotion dépend du site de l'impact, de l'agent traumatisant, de la vitesse de percussion et de la flexibilité crânienne.

La perte de connaissance indique une commotion stade 2 ou 3 mais n'a aucune corrélation avec la sévérité des symptômes : ce n'est pas parce qu'il y a perte de connaissance qu'il y a plus de symptômes. La perte de connaissance ne représente que 10% des commotions.

Dans le milieu du VTT et BMX en compétition, les commotions représentent 5 à 19% des chutes (contre 7% de fracture).


L'objectif du mémoire :

  • Prévention et compréhension de la commotion cérébrale ;
  • Améliorer la qualité de vie des sujets ;
  • Réduire les symptômes persistants.


Matériel utilisé : Questionnaire qualité de vie issu du SCAT-3 qui aide à déterminer une sévérité de symptômes (22 symptômes avec un score maximum de 132)

Le SCAT-3 est à associer à un diagnostic médical. Il a été utilisé pour la première fois en DH suite à la commotion de Tracey Hannah aux Crankworks de Rotorua (NZ) cette année.

Méthode : un groupe traité et un groupe témoin.


Extrait du questionnaire SCAT-3 

Voici un extrait du questionnaire SCAT-3 pour vous donner une idée. Ce questionnaire est à faire par des pros, inutile de vous dire que ce n'est pas un outil d'auto-diagnostic ! Sinon y'a Doctissimo pour ça. 

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Résultats de l'étude

Résultats

54 sujets de 18 à 45 ans ont participé à cette étude.

Pas de corrélation trouvée entre le nombre de commotions et la sévérité des symptômes, pourtant voici quelques exemples :

  • Les troubles du sommeil ont été ressentis par 19 patients sur 54 : 89,5% d’entre eux ont eu de multiples commotion cérébrale et 57,9% ont au moins quatre commotion cérébrale.
  • Les troubles de la mémoire ont été ressentis par 25 patients sur 54 : 64,7 % d'entre eux ont subi entre 5 et 10 commotions.

 

Au premier questionnaire, les résultats montrent 68% de troubles somatiques, 22% de troubles cognitifs et 10% de troubles affectifs.

Au troisième questionnaire, c'est-à-dire après deux séances d'ostéopathie, on observe :

  • Une diminution de 78% des troubles somatiques : -70,8% des maux de tête, -80,7% des douleurs de cou, -88,8% des troubles du sommeil (réveils fréquents) ;
  • Une diminution de 59% des troubles cognitifs : -59% des troubles de la concentration, -70,5% de la sensation d'être dans le brouillard, -76,2% de confusion ;
  • Une diminution de 41% des troubles affectifs : -87,8% de l'émotivité accrue, -78,5% de l'irritabilité, -80,7% de nervosité.


L'ostéopathie est une médecine manuelle. La main est à la recherche du tissu en souffrance et agit (par le biais de mécanorécepteurs) sur les muscles, les ligaments, les membranes, les articulations. Indirectement cette prise en charge va provoquer des réactions sur les différents systèmes : liquidien (sang, lymphe), psycho-émotionnel, biomécanique, énergétique. Il y a autant de techniques que de thérapeutes ou patients, l'ostéopathe doit s'adapter au mieux à son patient et à sa plainte.

Marylène Desbois

Biais et bilan de l'étude

Biais

Les réponses au questionnaire concernant les troubles affectifs dépendent de l'état d'esprit du sujet le jour où il le remplit, les réponses sont assez subjectives même si on ne peut nier l'amélioration.

Il aurait fallu 250 patients pour que certains résultats soient significatifs, notamment le lien entre le nombre de commotions et les différents symptômes.

Bilan 

Un repos total (c'est-à-dire ne pas rouler) de 15 jours est nécessaire suite à une commotion, tout comme la visite médicale en cas de doute ou de symptôme(s) persistant(s).

Suite aux deux traitements ostéopathiques, il apparait une amélioration significative (p-value : 0.0001) de la qualité de vie des patients. La prise en charge des différents troubles seraient à associer à une prise en charge pluridisciplinaire (psy, kiné, etc).

Si ce mémoire aura au moins servi à faire de la prévention des athlètes sur le sujet des commotions c'est déjà un grand pas !!!

Vous pouvez consulter la conclusion dans son ensemble (cliquez pour agrandir). La phrase que nous retenons tout particulièrement est celle-ci : 

Il serait nécessaire qu’un jour chaque pratiquant, compétiteur, entraineur, directeur d’équipe soit sensibilisé aux conséquences de CC.

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Remerciements

Marylène tient à remercier tous les lecteurs de 26in qui ont participé de près ou de loin à son mémoire, sur les 54 sujets, 12 viennent de 26in (bande de bûcherons...!). Ce volontariat lui a permis de le finaliser ce mémoire. Marylène tient aussi à remercier Oliver (votre ancien rédac' en chef) pour avoir relayé son sujet de mémoire en premier lieu. 

Pour aller plus loin

Le film Concussion (Seuls contre tous en FR) retrace l'histoire vraie d'un médecin Dr Bennet Omalu, médecin légiste et neurologiste,  qui s'est battu (et qui se bat encore) pour la reconnaissance et prise en charge des commotions cérébrales dans le milieu du football américain. Bien entendu ses travaux appliqués au football américain touchent bien d'autres sports (rugby, boxe, VTT, ...). 


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9 Commentaires

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Chouette article! Pour se rendre compte des risques, une visite du site de Lorraine Truong, pilote suisse BMC victime d'un gros trauma crânien, en pleine rééducation : lorrainetruong.ch

Léa W2L L'histoire de Lorraine Truong me laisse sans voix. Je la connais un peu pour avoir partagé une belle journée de pumptrack avant son accident.
Je trouve qu'elle a une force absolument incroyable car elle réussit à parler sans tabou de sa vie maintenant. Je pense que ses différents témoignages ont un sérieux retenti parmi la communauté des riders et qu'on commence à prendre au sérieux les chocs sur la tête.
MiniMary Merci pour ce témoignage! Effectivement son histoire est très touchante, elle mérite que l'on partage son histoire pour que ça n'arrive plus!
 

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Massacre Est-il possible d'obtenir le rapport complet?
Léa W2L Je l'attendais :) Oui je vais poster un lien pour ceux et celles qui sont intéressé.e.s.
Massacre super!
Je devais y participer mais j'ai jamais rien réussi à renvoyer comme formulaire. Mon ordi étant une patate reliée à un clavier ça n'a pas dû aider.
Par contre, il n'est pas mention ici de groupe sans trauma, ni d'effet placebo. J'espère que c'est la retranscription de l'article qui a filtré ça?
MiniMary Salut! il y a un groupe traitement et un groupe contrôle. Les 2 groupes représentent des personnes ayant subi au moins 1 commotion.
J'ai pris le partie de ne pas faire de groupe sans trauma car les gens ont beaucoup de mal à identifier si oui ou non ils ont déjà subi 1 commotion, que ce soit à cause d'un accident de voiture, chute de cheval, etc...
Pas de groupe placebo non plus pour limiter un biais de confusion, cad limiter les effets alloués à tort à un traitement, et ainsi analyser ce qu'il se passe en l'absence de traitement ostéopathique.
Massacre Je comprends qu'il est difficile d'avoir un groupe "sans trauma", mais il faut au moins comparer à une référence, ne serait-ce qu'une moyenne nationale.
Par exemple, 19 troubles du someil sur 54, dans un des pays où l'on vend le plus de somnifères et antidépresseurs au monde, ne peut-on pas l'obtenir pour des individus "au hasard" (indépendamment du fait qu'ils aient ou non des traumas". Les chiffres existent sûrement, et ça me surprendrait personnellement que ça ne soit pas le cas.
Quant au groupe placebo... l'effet placebo EST le facteur de confusion à éliminer, en le quantifiant. Un traitement ostéopathique est un traitement (qui est donc sujet à l'effet placebo), ostéopathique (qui est l'objet de cette étude). Sans, on ne peut attribuer aucun effet bénéfique à l'"ostéopathique", seulement à la prise en charge "médicale" en elle-même. Sauf si l'étude conclut à "aucun résultat significatif", dans ce cas on n'a aucun effet, ni bénéfique, ni négatif, et donc par définition ni placebo, ni nocebo.
Il est d'autant plus important d'inclure le groupe placebo dans cette étude, que l'ostéopathie ne fournit pas encore énormément de preuves de son efficacité au delà de cet effet placebo.
MiniMary Selon les références trouvées pour présenter un article scientifique, le groupe placebo est un facteur de confusion s’il est utilisé sans groupe contrôle commotionné. Pour bien faire il aurait fallu en effet 3 groupes. Malheureusement un an pour réaliser entièrement un mémoire (recherches docs et patients compris) ont eu raison de moi. Les sujets volontaires sont assez difficiles à trouver, c’est pourquoi j’avais fait appel à 26in.
J’admets bien volontiers que mon mémoire est perfectible (et de bien des manières). Par contre le fait d’avoir un groupe contrôle sans traitement met d’autant plus en valeur les résultats positifs de mon étude (ceci a été validé par un conseil scientifique).
 

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