Récit : CET Ste Marie-aux-Mines

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Récit : CET Ste Marie-aux-Mines

Guillaume nous raconte sa toute première course d'enduro.
article Cet
Texte :
Guidoc + 26in
Photos :
Damien Guiot + Bike components

Guillaume, aka guidoc57 sur le forum, a participé à sa première course d'enduro lors de l'étape #1 du Cannondale Enduro Tour (CET), le championnat régional Grand Est d'enduro. Il vous raconte ses joies et ses galères.

Petit rappel, si vous cherchez les bons conseils pour préparer votre prochaine course on vous suggère notre article dédié... Nous laissons maintenant la parole à notre lecteur.

Ma première fois...

Voici donc mon retour pour cette 1ère manche du Cannondale Enduro Tour (CET) 2019.

Tout a commencé un soir d'ouverture des inscriptions du CET. Je clique, je paye et voilà l'aventure lancée.

Madame ne s'est jamais vraiment intéressée à ce que je pratique, ni dans quelles conditions… pour elle c'est juste du "vélo". Vu mon euphorie, elle décide de m'accompagner, chouette ! Enfin elle va voir ce que je fais !

2 ans d'entrainements, de sacrifices, mais aussi de "bâtons dans les roues". Ça y est ! Enfin ! Ma première course de VTT enduro. Tout ce temps à envier mes connaissances de ride à citer leurs courses du week-end, à baver sur les CR photos et vidéos.... À me dire qu'en tant que débutant, il vaut mieux éviter ce genre d'évènements pour pas me dégoûter etc. Je suis acteur maintenant.

1 mois avant le jour J, j'ai accumulé les chutes, sévères pour plusieurs d'entre elles, les doutes me gagnaient, et m'envahissaient.

Arrivés la veille après midi avec madame (fervente supportrice), après 2h30 de route, nous nous dirigeons vers notre chambre d'hôte, située à 300m de la ligne de départ.

On range les affaires, je sors le vélo, le met au chaud, puis on part en visite des lieux.

Jérome Clementz (organisateur du CET avec sa compagne Pauline Dieffenthaler) est en plein préparatif avec tout son staff, ainsi que le club de vélo de Ste Marie. Ça grouille à droite, à gauche.... c'est tendu mais ça rigole. L'ambiance est bon enfant.

Une fois les lieux repérés, la pression descend un peu, le fait d'être sur place et de concrétiser le tout me calme.

Le soir c'est resto "détente", avec madame on se prépare, elle à m'encourager…. et moi à rouler… Au menu de l'eau gazeuse, des pâtes et du blanc de poulet. Je ne voudrais pas gâcher tous mes efforts en 1 soirée. Un thé vert en dessert et retour à pied à la chambre d'hôte, sous une pluie battante qui vient juste de commencer. 

La pluie... quoi de pire que celle qui tombe ? Mais si... tu sais celle où tu as l'impression que tu as oublié de fermer un robinet...

Photos : Retrait des plaques, reconnaissance du tracé pour les spectateurs, le dernier petit déj' du racer, la plaque de course....

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Jour-J

Réveil à 5h30 (du matin) car mon numéro de dossard m'impose de retirer ma plaque à 7h30....

OUF ! La pluie s'est arrêtée cette nuit mais le temps est gris, ça n'annonce rien de bon.

J'avale un petit dej' plein de fruits en tout genre accompagné d'un café chaud pour me réveiller. Je récupère mon fidèle compagnon et je procède aux dernières vérifs, l'habituel : pression pneus, fourche, amorto, lubrification de la chaine etc.

7h : On y est.

On parcourt les quelques mètres nous séparant du gymnase où ont lieu les inscriptions. J'ai le temps de tourner en rond comme un lion en cage et faire 200 allers/retours en vélo dans la rue en me disant que ça va aller.

7h30 : Je présente ma licence, signe, on me donne ma plaque, quelques goodies offerts par bike-components, la puce GPS et le t-shirt de l'évènement.

Retour à la voiture pour terminer de me préparer et installer ma plaque. Petite photo pour immortaliser ce moment dont j'ai tant rêvé. J'enfile mes écouteurs sur les oreilles… J'enfile la dorsale, le maillot, les genouillères et la veste de pluie vu qu'il recommence à pleuvoir….

8h25 : Clementz fait le briefing, d'abord aux kids, que l'on regardera partir, puis aux adultes.

8h30 : Ça y est ! Le portique de départ est passé, la puce a bipé, madame me tape un high five et c'est parti, c'est le jour J ! Ça commence par de la montée. 1h de montée…. arrivé en haut, tout le monde est bien échauffé. Etant en mode "solo", ne connaissant personne, je me cale derrière les groupes et écoute les petites histoires qui s'y racontent ...

Ça parle championnat de France… Olargues… leur classement respectifs…

Eeeet mee*de…. je vais me faire doser sévère.

Je me réhydrate, mange un peu, regarde un peu le matos que les gens ont : j'adore ça, c'est une expo gratuite.

Je vois un mec qui part avec un endurigide, un autre en tout rigide et single speed (ndlr : #289 Simon Kirscher d'après nos infos), je me dis que mes pauvres 120mm de débattement arrière passeront sans problèmes.


Photos : les kids à l'honneur 

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Pas plus qu'à fond !

A mon tour de partir sur la SP1

3,2,1... TOP !

Je pars comme une balle (enfin...), j'enchaine les virages, passe les drops en envoyant ce que je peux, je me concentre sur mes appuis, ma position et je commets ma première erreur "minime".... ma pédale tape un rocher…. pas de chute, je le prends comme un rappel à l'ordre. Je me concentre sur mes trajs, et me re-dit sans cesse que ça serait dommage de tout gâcher maintenant.

La fin tabasse un peu, la pluie de la veille ayant rendu les quelques racines et pierriers beaucoup moins accrocheurs, certains passages sont du type "holidays on ice".

Je double un concurrent, et je me fais doubler par un autre. À l'arrivé de la SP1, le cardio est à fond, j'ai la banane. Ça y est… je suis piqué par le virus pour de bon.

Direction la 1ère liaison… et celle-ci comporte le plus gros du D+. 

Arrivé en haut, je commence vraiment à goutter la transpiration comme jamais. Avec un taux d'humidité ambiant qui s'approche des 90% (humour), j'avoue en avoir bien fait dans le froc pour celle-ci.

Départ de la SP2

3,2,1... TOP

J'ai pris mon pied mais à fond ! Des pierriers à passer, ça tabasse partout, des épingles à gogo, des drops qui te catapultent…et une terre qui grippe à fond !

Je donne tout de chez tout tellement je suis charmé par cette spéciale ! Les mecs en bord de piste font gueuler les tronçonneuses, les pouet-pouet plus loin, ça crie, ça encourage ! MON DIEU QUELLE AMBIANCE !

Seule erreur de ma part, dans une épingle, en voulant prendre trop l'intérieur, je suis venu toucher un arbre avec le bout du guidon…. juste de quoi te faire un second rappel à l'ordre.

Je sais que ma femme m'attend en bas, au point ravito. J'enchaine les dernières épingles comme un goret, j'entend madame qui m'encourage, ça glisse et ça envoi des gerbes de terres sur les appuis, je me ré-gale. 

Arrivé de la SP2, je me jette du vélo pour aller au ravito…. et je me rends compte que nous sommes "que" au 20 ème km. Encore autant à faire, et beaucoup de D+...

Je confie discrétos à madame que je doute sur la suite, que je suis déjà éprouvé physiquement… J'en ai encore en réserve, mais va falloir jouer l'économie. Je fais le plein, à manger, à boire… 10 min de repos…

Un des participant déclare forfait à côté de moi… La mécanique en a décidé ainsi… dérailleur explosé, tout est flingué. Petit moment de prise de conscience que la suite ne tient à rien.

J'y retourne.

2 ème liaison, en direction de la SP3.

J'abandonne madame qui va se positionner sur la SP3, et je remonte…du D+ en veux tu en voilà.

Et là, c'est le drame ! Chose qui ne m'est jamais arrivée : des crampes !

C'est donc ça des crampes, mais punaise quelle horreur ! Je m'hydrate, souffle bien, m'étire... ça ne passe pas ! Ok, je ferais avec. Je passe donc en moulinette pour m'économiser….


Photos : les participants à l'honneur et Guidoc vu par sa moitié !

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Tout en moulinette ?

ET BIEN NON !

Un cailloux vient de me tordre la patte de dérailleur ! Les pignons 40 et 46 passent, mais le dérailleur vient frotter contre la cassette. J'essaie de régler en cours de route, aucun changement. 

2 choix se présentaient à moi :

  • ou me servir du 40 et du 46 en sachant qu'à un moment ou un autre quelque chose allait sauter,
  • ou rester sur le 36 et assurer, ce qui pour le coup, implique un dépassement de soi.

J'opte pour la seconde solution.

Les larmes aux yeux dans les montées, j'appuie ce que je peux pour avancer. C'est donc rincé, rogné, explosé que j'arrive en haut d'une SP3. Je me prend 5mn pour récupérer….

Départ de la SP3

3,2,1.... TOP

J'appuie aussi fort que je peux, je me concentre sur la trajectoire, les obstacles, tellement concentré que j'en oublie mes jambes. On passe sur une section de relances, avec une succession d'appuis.... rien à faire, j'ai 2 bouts de bois entre les pieds et le bassin.

Madame m'encourage, je lui crie que je suis cramé. Moment épique qu'elle a eu réflexe de filmer et où on voit clairement qu'avec le rythme que j'ai, ça ne va pas. 

Je me fais doubler 2 fois, je me pousse le + possible pour pas gêner. Si en plus je me fais remarqué comme le casse bonbon de la SP3. À l'arrivé de la SP3, je m'écroule par terre, les jambes tremblent de douleur, je suis tétanisé. Rien n'y fait, je me réhydrate...

Madame m'informe qu'elle se rend sur la ligne d'arrivé. Je lui réponds que j'arrive,... dans quelques temps.

3 ème liaison direction la SP4

Je me relève et marche sur presque 1.5 km avec les jambes tendues de douleur et de crampes. Je finis par remonter sur le vélo. Toujours avec le 30 x 36 comme développement restant ...

Je pédale, mais en plein milieu de cette liaison, je craque. Les larmes sont bien présentes, mais je pédale. Le moral est là. J'ai pas fais tout ca pour lâcher maintenant je me dit.


- "mais appuie bon sang", je me répète.


J'arrive à la SP4...

Il y a personne, décision est prise de se poser pour entamer comme je peux cette dernière spéciale. Petit message à madame : tout va bien, je suis fatigué mais j'arrive que je lui dit. 

Elle est déjà assez inquiète comme ça !


Photos : même virage, deux vosgiens, deux façons de faire.

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Départ de la SP4

3,2,1... TOP

J'appuie, je donne tout, crampes ou pas crampes de toute façon c'est la dernière. Je donne tout ce qui me reste sur cette spéciale, mais malgré le moral, mon état physique me fait bien plus "subir" cette spéciale. J'y prend mon pied mais cumule les erreurs de traj, les tout droit, je loupe même mes nose-turn dans 2 épingles !

La terre est fuyante, je perd l'avant à plusieurs reprises... Mais je me régale. Même si je suis épave physiquement, je prends mon pied.

J'arrive dans le champs avant l'arrivé de la spéciale, le photographe est là et immortalise ce moment de douleur, de souffrance profonde. Ça se voit bien sur ma tronche.

SP4 finie, je me couche dans le champ, je fonds en larmes, non pas de douleur : MAIS JE L'AI FAIT !

À ce stade ma place m'importe peu.... tout ce qui compte c'est que mes objectifs de départ sont atteints. Prendre part à la course, se dépasser, gérer son pilotage pour ne rien casser, rouler propre pour ne pas chuter bêtement et finir !

Retour au point de départ, je laisse rouler le vélo en roue libre, profitant de ce moment pleins d'émotions pour moi.

Partagé entre la joie, la souffrance, la satisfaction, bref, je me suis senti vraiment comblé, les larmes aux yeux, mais le sourire aux lèvres.

Madame m'attend à l'arrivé. Elle me félicite et me fais un grand sourire. "Tu vois, tu l'as fais!" me dit-elle... Je n'arrive même pas à aligner 2 mots. Peu importe ma place, elle est fière de moi, et à ce stade... moi aussi à vrai dire je suis fier de moi.

Je redonne ma puce à l'organisation. Mauvaise nouvelle, elle n'a pas pris mes temps sur 3 spéciales. On me répond que le chronométrage est pris manuellement aussi, pas de panique alors. Même si je me doute ne pas être dans le haut du classement... cette place compte beaucoup pour moi.

Je regagne la voiture. Je me fais un brin de toilette, je me change, charge le vélo. Je retourne boire une bière bien mérité, un bon repas chaud offert par le club de Ste marie et une part de gâteau.

Je regarde les pros arriver : Rémi Thirion, Rémy Absalon... Je regarde le parc à vélo, toujours pour voir le matos (expo gratuite !). Puis nous regagnons la maison. Madame sera la pilote, je suis pas en état de rouler. 

Moi et ma 182 ème place... sur 204 finishers rentront donc à la maison ! Une perf' que je trouve raisonnable vu mon niveau et ma première participation à une course d'enduro.

Je vais faire bref pour conclure et pour ceux qui ont eu le courage de tout lire :


  • Je n'en suis pas dégoûté, loin de là. Cela m'a énormément apporté. Je sais où je dois performer, où concentrer mes entrainements. J'y retournerai, et le plus rapidement sera le mieux.


  • Je n'ai qu'une hâte…. c'est d'être dans à l'EHV (Enduro des Hautes Vosges) et au mois d'octobre pour l'enduro des Abbesses et j'espère avoir une place sur l'épreuve du CET de Guebwiller.


  • Je suis définitivement accro.


- Guidoc (photo en action ci-dessous)

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Résultats complets du CET Ste Marie-aux-mines

Vous pouvez consulter les résultats complets de la course


A noter que Damien Oton (#2 mondial des EWS 2018), qui s'est facturé le poignet en début de saison, était de retour à la compétition. Les feux semblent au vert ! Rémi Thirion a pris le départ apparemment pour faire chauffer les cuisses en vue de la coupe du monde de DH à Fort William le 2 et 3 juin (qui est une piste longue avec quelques belles portions de pédalage).

5 Commentaires

greg51 Bravo, c'était top. Tu as l'air de t'être fait plaisir malgré la douleur. Il n'y a plus qu'à s'inscrire à une autre, peut-être est-ce déjà fait.
 

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domback Lu ton compte rendu bien foutu, merci, on s'y croirait! Etonné par ta place... ça roule s'y fort?
 

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Guidoc57 Effectivement, je trouvais que ca roulais tres fort!
En attendant vu le plateau de pilote présents… le niveau était élevé, donc cela ne m'etonne pas. Je pensais meme finir dans le top 3 de fin !
 

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