Kona Process à la loupe

Faire un essai de bike n'est pas chose aisée, rendre public son avis lorsque l'on est un média est risqué, surtout quand celui ci n'est pas élogieux.

Mais alors que faire ? Car le plus grand risque est surement celui pris par la marque, en nous faisant essayer leurs produits, mais si la presse est par définition libre, nous devons à nos lecteurs un avis honnête sans considération commerciale ni même arrière pensée malsaine.

Voici donc l'essai du Kona Process.

Le Kona Process est LA nouveauté 2013 pour la marque canadienne, et chez 26in nous sommes fans de cette marque à l'image bucheronnesque et au passé glorieux, que ce soit en DH ou en Freeride.

Le phénomène de l'enduro / all-mountain touche tout le monde, même Kona, il fallait donc sortir quelque chose dans ce segment, voilà comment nous interprétons la présence de ce produit venant étoffer une offre déjà assez large dans cette gamme : Tanuki, Cadabra, Abracadabra etc etc ...

Un bike d'Enduro ludique pour les descendeurs à budget serré, c'est la définition sur le papier, alors certains choix peuvent être discutés, commençons par le commencement :

- Si ce bike est fait pour engager, le choix du freinage ne parait pas idéal, 180/160 mm en Elixir 5, il parait évident que le 160mm à l'arrière va souffrir.

- Nous comprenons aisément que la volonté de proposer un prix attractif (env. 3000€) ne permet pas de faire un montage haut de gamme, c'est logique, cependant même si nous passons rapidement sur les cordons de soudure dignes d'un char Tigre, le cadre donne l'impression d'être un proto tellement la finition n'est pas soignée, la biellette taillée par un LumberJack et le point d'ancrage de l'amortisseur en témoigne.




- Le choix de l'ensemble de suspension est aussi assez curieux, à l'arrière le Monarch est assez classique dans ce segment, même si les possibilités de réglage sont très limitées, il fait très bien le boulot avec sa précontrainte à Air et sa détente ajustable, par contre la Lyric est un mystère. Comment proposer un tel produit à ressort, sans aucun réglage hormis la détente, et où la précontrainte s'ajuste soit avec des calles soit en changeant carrément le ressort... Nous sommes à des années lumières de ce qui nous parait être un minimum pour une pratique Enduro.

- Point positif, la transmission, la présence d'un dérailleur Sram X9 Type 2 y est pour beaucoup, mais le choix du double plateaux avec bash mais sans roulette est aussi étrange. 

- La tige de selle Chronolog est aussi une surprise, car elle dénote par rapport au reste de l'équipement plutôt entrée de gamme.

- Les roues, sans être extraordinaires, ont au moins le mérite d'être rondes, droites et assez solides.


Résultat : 15,9 kg avec pédales.

Nous savons pertinemment que ce n'est pas l'équipement qui fait un bon vélo, derrière certains modèles apparemment "cheap" se cache parfois des merveilles en comportement, donc nous avons roulé et bien roulé ce Process, 2 pilotes différents et 4 trails aux profils variés.

Le Process en action

La prise en main est facile, on est vite en confiance sur ce bike avec un grand empattement et angle de chasse assez fermé 66°, le bike est maniable à petite vitesse mais donne une vraie impression de stabilité avec son top tube relativement long.

Comme toujours nous attaquons notre essai par du pédalage, car quoi que l'on en dise, il faut aussi pédaler en Enduro. Et nous pouvons déjà affirmer que ce Process n'est pas un pédaleur, avec ses suspensions non bloquables, son poids mais surtout sa géométrie avec un tube de selle très en arrière, le pédalage est fatigant, autre problème avec la tige de selle (quand elle fonctionne) est très haute, la position au plus bas est encore trop haute pour pédaler correctement (rider de 1m71 sur un vélo en M). Les jambes sont tout simplement trop en extension et c'est franchement mauvais comme posture pour les genoux et le dos.

Au chapitre des suspensions ce n'est pas rose non plus, avec un sag à 30% l'amortisseur est très ferme en début de course et va très vite au fond,  le débattement de 150 mm est très vite utilisé et cogne brutalement en buté. nous n'avons pas vraiment su quel réglage de précontrainte adopter pour que l'arrière marche à peu près, et il faut ajouter à cela une détente énormément freinée par défaut.

La fourche rockshox lyric 160 à ressort (médium) est trop souple pour une utilisation normale (sachant que le testeur principal fait 58kg) et il n'y a pas de cartouche hydraulique pour la ralentir dans sa plongée ce qui est assez frustrant.

L'ensemble Sram Elixir 5 pour le freinage en 180 avant et 160 à l'arrière est tout simplement sous dimensionné pour la pratique, nous avons brulé le 160mm, et créé de grosses chauffes en descente, il faut beaucoup anticiper pour ne par faire de "tout droit". 

Lors des sorties que nous avons fait avec le Process, nous avons eu de belles frayeurs dans les partie raides. la fourche qui plonge trop, l'arrière ferme et le freinage à bout de souffle ne nous ont pas permit d'évaluer correctement le potentiel du cadre qui ne saurait, connaissant les produits de la marque, être mauvais.

Dernier point, le boitier de pédalier haut perché ce qui, par définition, aide pour les franchissements alourdit les changements de caps. De plus les bases étant plutôt longues l'ensemble devient très vite encombrant dans le technique et cassant. Il se murmure que Kona bosse sur une version en 650b, ce qui a peu de chance d'améliorer le tableau sur ce point au moins.

Conclusion

Le Kona Process n'est pas un mauvais vélo, il est juste pas abouti dans ce niveau de finition, et si nous sommes capable d'encenser la simplicité d'un Entourage, nous avons clairement l'impression que Kona n'a pas fini le boulot en confondant simplicité et rusticité.

Nous sommes conscients que certains puristes à la marque ne partagerons pas notre avis, le seul conseil que nous pouvons leur donner, c'est de voir ce qu'est capable de faire la concurrence sur le même segment.