Test Radon Slide Trail 10.0 2019

2 tests Radon Slide Trail 10.0.

Donnez-nous votre avis !
Note moyenne : 8/10
Emrog

Un vélo et 6000 bières

Avis sélectionné
Profil du testeur : 25 ans | 1,87m | 77kg | Avancé | Grenoble
Spécificités du montage : Freins d'origines (Guide) remplacé par des slx M7120 au bout de 6 mois
Acheté : 3400€ en ligne
Conditions du test : Un an de test sous toutes météos (neige comprise) et sur des terrains allant des massifs Isérois aux cailloux de l'Hérault en passant par les terres noires de Digne.

Points forts

- Montage d'origine presque parfait & rapport prix/équipement imbattable
- Dynamisme & polyvalence
- Amortissement des gros chocs

Points faibles

- Manque de sensibilité de la suspension arrière pour les petits chocs
- Dur à tenir dans les chocs sucessifs
- Freins montés d'origine trop juste (Guide...)
-

Intro rapide

Le Slide Trail est un vtt doté de roues en 29 pouces de la marque allemande Radon qui développe 140mm de débattement. Voilà pour la présentation rapide, maintenant si vous n’aimez pas lire je vous invite à passer directement à la conclusion parce qu’attention, en ce moment j’ai du temps à perdre, j’aime écrire ; il va donc y avoir beaucoup de texte.

Radon Bikes

Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle découvert en 1900 par Friedrich Ernst Dorn. Ça, on s’en fiche, je ne pense pas que le nom de la marque vienne de là. Mon analyse d’ancien LV2 allemand c’est que le nom serait plutôt construit autour du mot allemand Rad (ein Rad = un vélo).

Toujours est-il que Radon, c’est la marque de vélos du créée en 1994 à Bohn par le magasin puis site de VPC Bike-discount. La marque Radon commercialisait à l’époque des cadres « standards » d’importation mais Bike-discount, et donc Radon, se mettra ensuite à concevoir ses propres cadres.

L’argument de vente de Radon est simple : rapport équipement/prix avant tout. C’est simple, à équipement égal, je ne connais pas de marque qui puisse afficher un prix catalogue plus bas que Radon (je parle des modèles VTT). Ça ne veut pas dire pour autant que les vélos sont mal fichus, même s’il faut reconnaitre qu’on est plutôt sur du classique (géométrie « dans l’air du temps », cinématique Four bar linkage…). Pour le reste, c’est la même recette que Canyon et compagnie : « designed in Germany », cadres fabriqués en Asie, vélos montés en Allemagne et vendus sur internet exclusivement (retrait possible au magasin à Bohn également).

Radon a selon moi pas mal souffert d’une gamme pour le moins tentaculaire : il y a encore 2/3 ans, on pouvait trouver au catalogue 8 modèles de tout-suspendus entre 120 et 180mm de débattement. Depuis 2017 la marque rationalise sa gamme en supprimant les doublons et les produits dit « de niche » (donc RIP le DH, et le team world cup avec…). La gamme « Fullsuspension » 2020 se compose donc de 5 modèles, dont le Slide Trail dont je vais vous parler (enfin on y vient).

Spécifications & équipement

Intégré à la gamme en 2019, le Slide Trail est un 29 pouces développant 140mm de débattement à l’arrière et équipé d’une fourche en 150mm à l’avant. On le trouve dans 3 niveaux de montages différents (avec 3 coloris différents) mais les trois partagent le même cadre avec triangle avant en carbone et triangle arrière + biellette en alliage d’alu. J’ai acheté le modèle 10.0, le plus cher, vendu officiellement à 3799€ (mais bike discount offre régulièrement des remises).

Au niveau des détails, on a le passage de toutes les gaines en interne (avec en entré et sortie des pièces vissées permettant de maintenir les gaines en place), le montage du frein arrière en postmount 180, amorto type Trunnion en 185 x 55 et le déplaisant boitier de pédalier en Press-fit. On notera que le tier inférieur du tube diagonal est protégé par un épais pad en caoutchouc, que la protection sur la base semble un peu trop courte et très fine (j’en ai rajouté une) et qu’il y a un petit pad de protection assez mal collé sous le boitier de pédalier. Une évacuation pour l’eau a été prévue dans l’évidement du cadre au pied de l’amortisseur. Dans mon cadre taille XL un bidon de 750mL rentre largement.

Côté esthétique on retrouve un peu les traits du Jab (modèle d’enduro en 27,5), avec une douille de direction massive, des lignes acérées et un gousset massif entre le top tube et le tube de selle. On peut aimer ou pas mais on peut noter que Radon fait enfin des efforts pour se construire une identité visuelle. Spécificité de mon modèle 10.0 2019, une teinte vert pâle mat que certains trouvent digne d’une polaire Quechua quand d’autres affirment que ça apporte une touche de discrétion bienvenue.

La géométrie est tout à fait d’actualité pour ce genre de vélo, on notera l’angle de chasse de 65.6°, l’angle de tube de selle de 75.5°, les bases de 435mm et un reach/stack de 464/623mm en taille 20’’ (= taille L). Un flip chip sur l’ancrage haut de l’amorto permet à l’envie d’ajouter 1° aux deux angles mentionnés.

Mesurant 1m87 j’ai acheté le Slide Trail en taille 22’’ (XL), taille qui me convient parfaitement. Le « calculateur » de taille proposé par bike-discount pousse à choisir la taille inférieure mais sachez que le tube de selle du Radon est suffisamment court pour se permettre de viser la taille au-dessus sans être gêné par la sortie de selle mini.

La cinématique du Slide Trail est du type Four Bar linkage avec point de pivot virtuel. Ce point de pivot virtuel (le point autour duquel pivote l’axe de la roue arrière) recule lorsque l’on prend du débattement, ce qui implique en théorie un axe de roue arrière qui se déplace assez verticalement au fil de la prise de débattement et donc une dynamique assez neutre.*

Comme dit en intro, coté équipement Radon fait les choses bien, très bien même :

  • Suspensions : Fox 36 Factory Grip2 en 150mm couplée à un DPX2 Factory
  • Transmission eagle : pédalier carbone X01 et dérailleur X01, le reste en GX
  • Train roulant : roues Newmen Evolution SL A30, un Magic Mary à l’avant et un Hans Dampf à l’arrière, tous deux en carcasse Super Gravity et gomme tendre
  • Freins : Sram Guide RSC, 200 av. et 180 ar.
  • Périphériques : potence et cintre RaceFace turbine (diamètre 35), grips et selle SDG, tige de selle Transfert Factory 150mm et guide chaine MRP.

Le vélo est livré dans un énorme carton (cette manie du livrer les vélos avec les 2 roues montées, ça me tue) avec uniquement le cintre à recouper si nécessaire (livré en 800) et à monter et les pneus à passer en tubeless. Rien n’est livré avec le vélo, n’espérez pas une pompe HP, des tokens ou des valves tubeless. Ça peut paraitre pingre mais n’oubliez pas le prix du vélo.

Comportement

Après un an d’utilisation en rando, sur les enduros locaux autour de Grenoble et quelques journées en station, j’ai pu tirer les conclusions suivantes :

Pédalage

A la pédale, le vélo se montre plus apte que des « vrais » enduros : on le sent plus nerveux et plus léger. Pas de pompage gênant, on sent un antisquat assez élevé. Je n’utilise pas le mode « climb » de l’amortisseur et rarement le mode « trail ». La combinaison de la cassette Eagle 10-50 et du plateau de 30 dents est selon moi adapté à la plupart des terrains, en tout cas il l’est dans mon secteur montagneux. Le shifting du mix GX-X01 est très bon, même si un shifter X01 plutôt que GX aurait apporté un peu plus de souplesse (oui je pinaille un peu là).

Malgré les 14,7 kg du montage d’origine (vérifié, conforme au poids annoncé par Radon), l’impression de rendement est bonne et le Slide Trail se montre dynamique, le poids réduit des roues (annoncées à 1760g la paire en 29) contrebalance celui plus élevé des pneus. On regrette cependant le manque de sensibilité de la suspension arrière qui filtre assez mal les petits chocs.

Coté ergonomie, la position au pédalage est bonne, on ne se sent pas trop en arrière malgré l’utilisation quasi exclusive du vélo avec le flip-chip en position « low » (j’en suis venu à conclure que la position « high » ne servait à rien, on ne gagne rien en monté et on perd un poil de stabilité en descente). La selle est confortable mais j’ai trouvé les grips SDG montés d’origine horribles : glissants, durs et trop petits, je les ai remplacés très rapidement. Le commande de la tige de selle Transfer n’est pas non plus un modèle de praticité même si son fonctionnement est satisfaisant.

Pas pédalage

En descente on retrouve bien le côté « joueur » censé caractériser ce type de vélo dit « Trail » : en pompant dans les creux on prend de la vitesse, un rien peut servir d’appel on se retrouve à tirer des bunny étonnamment haut pour un vélo de cette taille. Car oui, le gabarit du Slide Trail est imposant, avec un empattement de 1248mm, des grandes roues et un cintre bien large c’est parfois compliqué de se faufiler entre les troncs ou de prendre les épingles sans nose turn. Rien de rédhibitoire mais ça m’a demandé un temps d’adaptation.

La relative fermeté de la suspension arrière participe grandement à rendre le vélo joueur (on sent bien le terrain) mais quand la trace devient chaotique cela rend le Sldie Trail beaucoup plus physique à piloter : dans les successions des chocs il faut le tenir fermement dans la trajectoire, pousser sur les jambes aux bons moments et parfois forcer le vélo pour rester rapide (d’ailleurs dans ces cas-là le cintre en diamètre 35 n’aide pas vraiment, on en a vite plein les bras). C’est fatiguant et on sent qu’on approche les limites du vélo mais c’est aussi assez gratifiant quand on y arrive. Et pour ça on est bien aidé par le montage du vélo : la grip2 fait honneur à sa réputation une fois réglée, les roues sont tolérantes juste ce qu’il faut et les pneus à gomme tendre permettent de se créer une trajectoire à coup de crampons latéraux.

Le point négatif du montage en descente se révèle être les freins, les guide RSC (sans surprise). C’est sûr, ils sont bien progressifs, mais je rappelle que pour un frein le mot « progressif » signifie « ne freine pas », et c’est ce que j’ai constaté avec les Guide. Tant que la pente est faible ils sont corrects, mais dès la vitesse et la pente sont là j’ai l’impression de manqué cruellement de puissance de freinage, au point de forcer sur les leviers et de me fatiguer très vite les avant-bras. Après 6 mois de ce traitement je les ai finalement remplacés par une paire de SLX M7120 (les derniers, à 4 pistons) nettement plus efficaces.

Devant la difficulté pour le vélo d’encaisser les chocs sur les terrains les plus torturés j’ai retiré le token monté d’origine dans le DPX2 (le plus gros token) et l’ai remplacé par le plus petit. Je craignais donc un peu l’amortissement des gros chocs, à tort. Même en me mettant court sur pas mal de road gap et autres drops, l’amortissement des gros chocs se fait sans heurt. On sent que ça talonne, les chevilles fléchissent un peu mais on passe sans soucis et sans avoir cassé le vélo en deux. Un bon point donc. On félicitera d’ailleurs au passage la qualité des roues Newmen qui n’ont pas bronchées d’un poil malgré ces réceptions hasardeuses et un nombre regrettable de bruit de type « glonck ! » en passant des cailloux. Les jantes n’ont aucune déformation et pas un rayon ne s’est desserré, franchement bravo.

Retour matos et entretien

Puisqu’on en est à parler équipement, quelques retours sur une partie du matos monté d’origine (hors freins, j'en parle plus haut) :

  • Potence d’origine de 50mm changée pour une 45 puis 35 : je suis un peu moins couché et le vélo un peu plus vif dans le lent, ça compense un peu sa longueur ;
  • Guide-chaîne : cassé net au premier déraillage, en pleine spéciale. En même temps, fait entièrement en plastique il avait peu de chance de son côté. La chaine saute peu mais je l’ai tout de même remplacé par un modèle plus costaud ;
  • Comme dit plus haut, les roues Newmen Evolution sont pour moi un must-have. Solides et légères, elles sont pour moi au niveau des DT EX1501. Seul bémol, la roue libre à 36 points d’engagement est assez bruyante. ;
  • Les pneus : très bien vu de la part de Radon de monter le combo Schwalbe MM/HS, en gomme tendre et carcasse SuperGravity. Rien à changer, ces pneus sont à l’aise presque partout et surtout bien plus solides que ce qui est monté habituellement en première monte (les maxxis exo par exemple). Leur seul point négatif est pour moi leur durée de vie sur des terrains agressifs (coucou le sud) : en une semaine à Olargues j’ai vu les crampons du Hans Dampf fondre de moitié…

Pour l'entretien, rien de particulier, les roulements du cadre sont bien protégés et n'ont pas bronché jusqu'ici. On regrette le boitier de pédalier au standard pressfit & DUB, ce qui implique de l'outillage spécifique (merci Sram) mais il faut reconnaitre qu'il semble pour le moment plus durable que les pressfit GXP.

Le verni vert mat du triangle avant est solide mais légèrement texturé, ce qui est joli mais participe aussi à garder la boue bien accrochée sur le cadre. La peinture noire brillant du triangle arrière est elle un poil plus fragile, mieux vaut mettre du film protecteur.

Conclusion

Au lancement du vélo, la pub de Radon était « Vous préférez un Slide Trail 10.0 et 6000 bières, ou juste le vélo d’une marque concurrente ?! Le prix est le même… ».

Et la marque n’avait pas tort, un Slide Trail 10.0 + 6000 bières = env. 7800€**, soit à-peu-près le tarif d’un Stumpjumper à montage équivalent (moins cher en fait). Mais outre l’argument du prix, le vélo vaut-il le coup ?

Eh bien pour moi oui, si vous cherchez un vélo polyvalent, grimpeur correct et descendeur capable le Slide Trail pourrait vous convenir. Il faudra toutefois faire avec ce qui est pour moi son principal défaut, la grande fermeté de la suspension arrière dans le défoncé. Il ne faut donc pas le confondre avec un pur enduro, même si il s'en approche.

*Les spécialistes de la cinématique, n’hésitez pas à réagir si je raconte des idioties.

**(mettons le pack de 6 à 4€, n’oubliez pas qu’en Allemagne la bière, même bonne, est moins chère).

Pour qui ?

Pour celui qui veut un vélo réellement polyvalent sans pour autant vouloir un pur enduro
7/10
Prise en main
Stabilité
Maniabilité
Capacité à descendre
Capacité à monter
Comportement en l'air
Qualité d'équipement
Finition du cadre
Facilité d'entretien

Commentaires

Aucun commentaire

Laissez votre commentaire Connectez-vous pour laisser un commentaire