Test Specialized Enduro Elite 650b 2015

2 tests Specialized Enduro Elite 650b.

Donnez-nous votre avis !
Note moyenne : 8/10
el_juanito

Joueur, polyvalent, bien fun en descente !

Avis sélectionné
Profil du testeur : 33 ans | 1,74m | 68kg | Avancé | Jonage
Spécificités du montage : voir fiche technique sur l'article
Acheté : 2000€ d'occasion
Conditions du test : Toutes conditions météo, moyenne et haute montagne, sentiers, bike parks, compétitions

Points forts

Polyvalence, aptitude à descendre, rendement au pédalage

Points faibles

Prix neuf, souplesse des roues, longueur de la potence

TEST – Specialized Enduro Elite 650b (2015)

Salut tout le monde ! Etant super fan de mon VTT d’enduro, je souhaite partager avec vous les heures innombrables d’amusement, tirages de bourre entre potes et compétitions passées à son bord. Comme il est très probable que je passe bientôt sur une autre machine, via une autre marque, grâce à un cofactory, il temps de rendre hommage à mon partenaire de jeu, c’est parti !


INTRODUCTION - Pourquoi le Specialized Enduro Elite 650b ?

Specialized est une marque légendaire sur la planète VTT, comme bon nombre d’entre nous le savent. Pionnière, elle fut créée en 1974 à Morgan Hill, Californie : le berceau ! Elle fut la première à proposer des produits aboutis, performants et fiables. 1981 aura été marquée par l’arrivée du premier VTT destiné au marché de masse : le Stumpjumper, vélo star !

Après la séquence historique, mais pourquoi le Specialized Enduro Elite 650b, me direz-vous ? Voici la réponse. Vivant à Lyon, un vélo d’enduro a sa place. Au-delà des massifs alpins, dès 1h30 de route, on a aussi quelques magnifiques terrains de jeu autour de la ville. Monts d’Or, Monts du lyonnais, Pilat, Bugey… Et la liste pourrait encore s’étendre. Tout ça avec des sorties aux ratios tournant autour de 400D+ pour 10km.

Lors du Vélo Vert Festival 2016, en dehors de la Massive Enduro, j’ai réservé du temps pour découvrir concrètement les vélos d’enduro à « grandes roues ». Ceci grâce au programme de tests proposé sur l’événement. La fin de mon époque de « résistant en 26 pouces » était proche. Pour les tests, le Vélo Vert Festival est, avec le Roc d’Azur, un temps fort de la saison française. Un moment parfait ! Autant de marques exposant simultanément, le tout dans un écrin de montagnes propice à tester le matériel au maximum du niveau de chacun : l’occasion rêvée ! Enfin, cet événement est le plus grand laboratoire de tests au monde. Excusez du peu ;-)

Parmi les modèles ciblés en test se trouvaient prioritairement les marques distribuées par mon revendeur local, dont Specialized. Après une petite heure de test, je suis complètement tombé sous le charme de cette machine. Au moment de rendre le vélo sur le stand, tristounet, une seule pensée m’a traversé l’esprit : il me faut absolument ce vélo !!!

Le modèle testé avait un cadre en carbone. J’ai une préférence pour l’aluminium, pour plusieurs raisons. Premièrement, l’impact environnemental de sa production par rapport au carbone. Deuxièmement, il est plus tolérant, ce qui, à mon goût, rend le vélo plus agréable à rouler. Troisièmement, aux vues du surcoût pour la masse économisée, le calcul du « prix au kilogramme » est vite fait. Et le carbone rapidement exclu.

6 mois après le test, 6 longs mois de patience, à en rêver, enfin le passage à l’action ! Le temps de constituer le budget. Côté tarifs, Specialized a clairement un positionnement exclusif. Pour commencer, j’ai consulté mon revendeur local. Une maigre négociation de -8% en neuf m’a rapidement orienté vers l’option occasion. Le marché était bien fourni en opportunités intéressantes, pour un budget de 2000€.


FICHE TECHNIQUE - Specialized Enduro Elite 650b 2015

Afin de rentrer ensuite dans le détail du comportement du vélo, jetons rapidement un œil à son montage de série.

Matériau : Aluminium | M5

Fourche : RockShox Pike RC 650b, blocable, débattement 160mm, Solo Air

Amortisseur : Cane Creek DB AIR Inline, compression & détente réglables sur BV & HV, blocable, 216 x 57mm, débattement 160mm

Transmission : Groupe Sram X1, 11 vitesses

Cassette : Sram XG 1180, 11 vitesses, 10-42

Pédalier : Sram X1 1000, plateau X Sync, PF30, 34 dents, 94mm BCD spider

Freins : SRAM Guide R, 200/180mm, 6 trous

Roues : Roval Traverse 650b, avant 20x100mm 24 rayons, arrière 12x142mm 28 rayons

Potence : Specialized XC, 50mm, rise 6°

Cintre : Specialized All-Mountain, low-rise, backsweep 8°, upsweep 6°, 31.8mm

Poignées : Specialized Sip Grip, light lock-on

Tige de selle : Command Post IR, téléscopique à câble, passage interne au tube de selle & commande au cintre, 3 positions, 30.9mm

Selle : Body Geometry Henge Comp, rails Cr-Mo

Année : 2015

Tailles : S, M, L


PRISE EN MAIN – Quelques réglages et un tout petit peu de patience

Avec les copains, nous sommes partis rouler sur les hauteurs de Crémieu, en Nord Isère. Ascensions naturelles tantôt roulantes, tantôt cassantes. Singletracks descendants alternant entre gravette fuyante, terre, roches, quelques racines… Tous les ingrédients étaient réunis pour sentir ce que la machine avait dans le ventre. Lorsqu’on achète un vélo d’enduro, on souhaite qu’il permette de se faire plaisir en descente et pourquoi pas de chatouiller le chronomètre ? On le veut aussi un minimum pédaleur, qu’il puisse nous emmener du bas d’une descente vers le sommet de la suivante. Le tout sans souffrir, en étant un tant soit peu préparé physiquement.

Au préalable, j’ai pris le temps de régler tranquillement les suspensions. Pour la fourche, la Rock Shox Pike RC, étant en terrain connu, tout s’est passé rapidement. Les réglages disponibles : précontrainte pneumatique, détente, compression (blocable). En revanche, l’amortisseur Cane Creek DB Inline fut une découverte. Le top avec Cane Creek, c’est que sur le site web de la marque, on peut trouver un réglage nominal. Une base de départ à faire évoluer selon ses goûts et sensations au pilotage. Les réglages disponibles : précontrainte pneumatique, compressions (blocables) & détentes HV & BV. Mieux vaut être fin dans la mise au point ! Sur le site web, il suffit de saisir : marque, modèle, année du vélo, sans oublier la masse du pilote. Puis l’algorithme, après calculs, fournit une préconisation de SAG et clics des 4 paramètres cités. Ça y est, c’est fait, partons rider !

Les premiers tours de roues en 27,5’’ sont plutôt… surprenants ! J’ai eu l’impression de ressentir un effet de « rendement à retardement » au pédalage. Cela était probablement dû à l’habitude du 26’’ alors qu’un 27,5’’ développe plus d’inertie longitudinale. Progressivement, naturellement, on pédale de manière plus coulée. Dans le jargon, on pédale « plus rond ». Et tout rentre dans l’ordre. La surface de contact au sol d’un pneu 27,5’’ étant supérieure à celle d’un 26’’, les frictions sont accrues. Pour une vitesse, déclivité et rapport de denture de transmission équivalents, il faut donc développer plus de puissance. C’est ce que j’appréhendais le plus en 27,5’’.

En passant du Santa Cruz Nomad V2 26’’ de 2011, au Specialized Enduro Elite 650b de 2015, cette appréhension a été rapidement levée ! Le Nomad de l’époque et sa cinématique VPP sont exceptionnels en descente mais peu efficaces au pédalage. L’amortisseur « écrase » à chaque coup de pédale. Fort heureusement, mon préparateur de suspensions avait fait un travail remarquable pour atténuer le phénomène. Malgré tout, le comportement au pédalage du ‘’Spe’ ‘’ est juste bluffant. Le concept FSR y est forcément pour quelque chose. A chaque coup de pédale, le vélo répond incroyablement bien. Je me suis surpris à distancer légèrement un copain rider qui m’a toujours mis minable en D+ ! Peut-être que la forme du jour, l’enthousiasme de la découverte, l’expliquent. Mais quand même, certains signes sont parlants. Et surtout, les sensations sont un sacré révélateur.

Une fois que la pente s’est inversée, le premier test a été plutôt funky ! Dans les enchaînements de courbes, à pilotage équivalent en 26’’, l’inertie transversale accrue des grandes roues m’a quelque peu désorienté. Cette sensation de perdre le cap, comme si le vélo sous-virait. En restant dans la retenue en termes de vitesse et engagement, roulant sagement en descente, les sensations ont fini par être fortes encourageantes ! Cette première sortie s’est terminée avec un grand sourire, autour d’une bonne bière locale, évidemment !


REGLAGES APPROFONDIS – Bonnes sensations

Pour les sorties suivantes, direction les Monts du lyonnais, en solo. Histoire de pleinement me concentrer sur le dialogue « homme-machine ». L’idée : capter les informations que le vélo nous envoie sur le terrain, les réglages et les erreurs de pilotage. Aussi, les sorties solitaires, c’est comme une bonne séance de yoga. On se retrouve en paix avec soi-même, au contact de la nature, avec son jouet préféré !

En descente, je me suis retrouvé sur des traces que je connaissais beaucoup plus. Peut-être déraisonnablement, étant parti seul, j’ai beaucoup plus lâcher les freins par rapport à la sortie initiatique à Crémieu. Là, j’ai commencé à très vite sentir les limites des réglages des suspensions. Avec de la vitesse, dans les secteurs cassants (trous, pierres, racines), je me suis fait violemment secouer. J’ai subi la machine, autant de l’avant que de l’arrière. Sur les chocs, les douleurs aux mains et au dos, m’ont rapidement alerté.

Petite pause réglages ! Dans cette phase, il est primordial de ne changer qu’un paramètre à la fois. J’ai commencé par la compression BV de l’amortisseur. Ceci afin « d’assouplir » le comportement du vélo sur les petits chocs à haute fréquence. Et accessoirement, d’épargner mon dos. J’ai vite compris que c’était la chose à faire. Pour mon niveau que je qualifierais de confirmé, sans prétendre être un top pilote, le vélo était réglé trop ferme.

Ces quelques clics d’ouverture de l’amortisseur ont donné des signes d’optimisme. Place à la fourche maintenant. Un gros point fort de la Pike RC : elle est réglable en compression sans avoir besoin de s’arrêter. La grosse molette située sur le té, au-dessus du fourreau droit a été très bien conçue. L’ergonomie est irréprochable. Et la perception des clics est assez prononcée pour les compter et comprendre ce qu’on fait malgré les vibrations liées au roulage. Après avoir joué avec ces clics, que je souhaitais pouvoir faire varier sur toute la plage (13 positions), j’ai senti que je devrais repenser le SAG.

Ni une, ni deux, je m’arrête, sors la pompe HP et augmente mon SAG de 5%. Après 150 à 200 mètres de dénivelé négatif, on passe de l’épreuve physique à la sensation de gommer les obstacles en douceur. Sans pour autant que le vélo devienne excessivement mou ou pataud. Le bon compromis était proche d’être trouvé. Avec un vélo qui franchit en gardant le cap, en sécurité malgré la vitesse et avec un placement aisé en courbes.

La dernière réserve à lever : l’effet « coup de raquette » de l’amortisseur sur certains sauts. Une détente plutôt ouverte permet de rendre le débattement disponible plus rapidement entre 2 chocs. En revanche, en abordant un saut avec appel au profil de kick par exemple, cette situation peut provoquer un effet de plongeon du vélo vers l’avant. Tout sauf rassurant ! Quelques clics sur la détente dans le sens horaire et le tour est joué.

A partir de ce moment-là, j’ai obtenu une base de réglages qui m’a mis en confiance en descente. Reparlons pédalage à présent. En rendant le vélo moins ferme, je risquais de détériorer nettement son rendement. Et bien non ! Forcément, le comportement de la suspension est devenu moins favorable à transmettre le couple jusqu’à la roue arrière. Mais l’impact n’a été que minime. Encore une fois, le fait d’être parti rouler seul m’a permis aussi de me concentrer sur « la grimpette ». Alors qu’en roulant avec les copains, on a tendance à papoter dans les ascensions.

Quelle agréable surprise, cette impression qu’une montée de 250D+ se passe en un clin d’œil. En réalité, il n’en est rien. Mais le fait d’avoir une machine plus efficace au pédalage que la précédente, cela aide à ne plus subir ce type d’ascension très physique. Sa motricité est vraiment appréciable. Les roues de plus grand diamètre aident à franchir les parties accidentées de la montée, essentiellement constituées de roches. Nous avons là 2 facteurs favorables à nous faciliter la vie. Soyez sûr que je n’ai pas boudé mon plaisir !


UTILISATION A LONG TERME – Quel pied !

Lorsque j’envisageais d’acheter le Specialized Enduro, un ami propriétaire m’a dit : « Tu verras, ce n’est ni le meilleur descendeur, ni le meilleur pédaleur, mais c’est un super vélo, polyvalent. »

Et bien je partage partiellement cet avis ! Il est effectivement polyvalent, s’exprime bien en descente comme au pédalage. Etant mon troisième vélo d’enduro, j’ai quelques points de comparaison. Après 2 saisons, c’est le meilleur vélo d’enduro que j’ai possédé. Pour les qualités évoquées précédemment.

Certes, il ne peut pas être parfait. Premier point de progrès : les roues. Les Roval Traverse (roues Specialized) ne m’ont satisfait qu’à moitié. Le comportement dynamique est agréable, mais elles manquent de rigidité. On passe son temps à resserrer les rayons, à rééquilibrer leur tension afin de conserver un comportement constant. Aussi, le choix d’une potence de 50mm me semble bien surprenant pour un programme enduro. Le remplacement par une potence de 35mm m’a permis d’être moins couché sur le vélo. Aussi d’être plus réactif au pilotage, dans les changements de positions, etc. Côté amortisseur, nombreux ont été ceux qui m’ont alarmé sur la (non) fiabilité du Cane Creek DB Inline. Nombreux sont les retours d’expérience sur la membrane qui claque à l’intérieur de l’amortisseur. Mon vécu montre que cet amortisseur peut aussi apporter satisfaction, à condition d’être sérieux dans son entretien. Et au niveau du prix, rapport à d’autres marques, sachant que toutes produisent à Taiwan, comment expliquer l’écart ? Peut-être est-ce le prix de la marque de légende ? Aussi le prix de la fiabilité ? Aucun aléa à déplorer ! A niveau de performances équivalent avec d’autres marques, au vu du montage, le prix neuf me semble excessif.

Enfin, côté compétition, après avoir participé essentiellement à des descentes marathon (MOH, Maxiavalanche), des enduros, des courses typées all mountain, j’ai pu pousser la machine au plus fort de mes capacités. Et elle en a encore sous la pédale ! Ce vélo est joueur, bon pédaleur, excellent descendeur, rassurant dans le défoncé. Et sur le plan esthétique, je le trouve séduisant. Alors si vous voulez un vélo d’enduro à tout faire (sorties avec dénivelé, bike park, compétitions enduro-mass start), n’hésitez plus, c’est le calibre qu’il vous faut !!!

Pour qui ?

Aux VTTistes vivant en zone vallonnée ou montagneuse, cherchant un vélo à tout faire, essentiellement destiné à l'enduro
8/10
Prise en main
Stabilité
Maniabilité
Capacité à descendre
Capacité à monter
Comportement en l'air
Qualité d'équipement
Finition du cadre
Facilité d'entretien

Commentaires

2 Commentaires

Léa W2L Bravo pour la rédaction de ce test. Ce n'est jamais facile de le faire sur les vélos complets !
el_juanito Merci patrone ! Pour un tout 1er article, ça fait super plaisir d'avoir ce bon retour de ta part. C'est encourageant pour en écrire d'autres :-)
Laissez votre commentaire Connectez-vous pour laisser un commentaire