Test Specialized Stumpjumper EVO comp alloy 29 2019

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jojoDH

Le baroud d'honneur de l'aluminium

Avis sélectionné
Profil du testeur : 31 ans | 1,85m | 100kg | Avancé
Spécificités du montage : cintre race face Atlas 780mm 15mm rise, potence Renthal 31mm, pneu avant Maxxis Assegai.
Acheté : 2890€ en magasin
Conditions du test : Un an de test, principalement sur trails naturels en terrain vallonné et assez cassant, mais aussi en bikepark. par tout temps, pluie, neige, sec...

Points forts

Stabilité
Maniabilité
polyvalence
Fun à piloter
Equipement homogène

Points faibles

Amortisseur arrière
Boitier de pédalier trop bas (position basse inexploitable)
SAV Fox
tige de selle fragile

Piloter un Stumpjumper c’est, pour ainsi dire, avoir entre ses jambes un bout d’histoire du VTT, premier vélo tout terrain produit en série, ce vélo mythique, associé à une marque qui l’est tout autant à accompagné notre sport depuis sa genèse.

Evidemment depuis 1981 le Stump’ a évulué, au départ rigide, il a gagné une, puis deux suspensions et tailles de roues, et, ces dernières années, quelques centimètres de débattement supplémentaires, élargissant son champ d’action.

Alors... après 40 années d’évolution le Stump serait il devenu le Graal du MTB à savoir LE vélo à tout faire tant convoité ?

L’achat

Etant expatrié en Finlande (un pays pas vraiment réputé pour ses massifs montagneux) ma recherche s’orientais donc vers un trail/enduro léger, bon grimpeur, mais toutefois assez costaud et amusant pour se faire plaisir en descente et rouler en bike park occasionellement.

Lorgnant à priori sur le Commençal Meta trail, je me suis finalement laissé séduire par un Specialized stumpjumper EVO comp Alloy 2019 en promotion de fin de saison, donc à un tarif très intéressant et correspondant à mes critères sur le papier :

- Débattement de 150/140mm AV/AR suspension confiée à FOX, 36 Rhythm/DPX2.

- Transmission 1x12 Sram NX Eagle

- Gros freins 4 pistons Sram Code R avec disques en 200mm

- Roues Roval 29`` bien larges

- poids pas vraiment plume de 15,5kg mais qui inspire la confiance...

« EVO »keskeséksetruc ?

Par rapport à un stump normal, la particularité de ce modèle EVO, outre son cadre aluminium, moins « high tech » mais surtout beaucoup, beaucoup ! moins cher que son équivalent carbone , c’est sa géométrie, un top tube et un empattement plus long, hauteur de boîtier de pédalier réduite au minimum et un angle de direction à 63,5°, en clair, l’EVO est très long avec un centre de gravité très bas, on est en droit de s’attendre à un vélo très stable, avec un programme davantage tourné vers le dénivelé négatif. De cette géométrie radicale résulte une position inhabituelle, assez allongée, mais pas désagréable du tout, à noter que l’amortisseur est monté sur une petite pièce à excentrique réversible, qui fait le lien avec la biellette, permettant de faire varier la hauteur du boîtier de pédalier de ± 6mm, mais on y reviendra plus tard …

Le tarif d'origine est de 3500€, dans la moyenne au regard de l'équipement mais avec la promotion de fin de saison, ce prix fut ramené à 2890€ ce qui en fait une très belle affaire, notez que dans la nouvelle gamme Stumpjumper EVO il n'y a plus de version alu disponible, et c'est bien dommage car la facture gonfle de 2000€ quand même...

Specialized ayant un système de taille spécifique, c’est la version S3 que je teste ici, (correspondant à un M mais taillant assez grand) parfaite pour mes 1,85m.

Quand au look, je ne m’étalerais pas dessus vu la subjectivité qu’implique le sujet, mais il faut reconnaître que ce cadre asymétrique dans sa livrée « bronze » est d’une sobriété remarquable, aucun marquages si ce n’est le fameux S sur la colonne de direction et un blason sur le tube de selle, une déco épurée au maximum que j’ai mise à mon goût avec un kit de sticker protège cadre transparent à effet camo du plus bel effet, en plus de protéger efficacement une peinture qui ne demande que ça car fragile.

Sur le terrain, en montée

La position je l’ai dit, est inhabituelle, mais en aucun cas inconfortable ou désagréable . Dans les dénivelés positifs, le vélo surprends, c’est un très bon grimpeur ! malgré un poids plus proches des standards DH que XC ( un passage en Tubeless permettra de gagner pas mal de grammes à moindres frais) ce n'est absolument pas un handicap sur ce vélo et l'on a jamais la sensation de pédaler sur une enclume. Le genre de vélo qui nous rappelle que si l'on souhaite réduire la masse trimballée lors de nos sorties, le mieux c'est encore d'aller s'entrainer afin de perdre l'excédent de gras que l'on a sur le c** au lieu d'écrire des comptes rendus de tests sur internet en bouffant de la glace... bref! 

 Le Stump offre une confortable position de pédalage et surtout, une répartition des masses excellente qui permet au pilote de facilement trouver un bon conpromis pour « charger » les roues selon le terrain et la position du corps, en résulte que la roue avant n’a jamais tendance à cabrer même dans les pentes les plus raides (même si elle va parfois un peu où elle veux), et l’arrière offre une motricité et une adhérence remarquable.

Je me suis surpris plus d’une fois alors que je pensait devoir poser le pieds à terre et pousser, de trouver l’énergie nécessaire et trouver une réponse exemplaire de la roue arrière pour finir une montée éprouvante !

Mais…

La suspension arrière à une tendance au pompage, heureusement le FOX DPX2 dispose de trois positions de compression, ouvert, 1/2 fermé ou fermé (quasi blocage) efficace pour contrecarrer cet effet (quand il fonctionne, voir plus bas), mais, à noter que la position intermédiaire est parfois plus efficcace que la position fermée, en particuler les montées techniques à basse vitesse, avec beaucoup d’obstacles, sur lesquelles l’amortisseur à tendance à « rebondir » en position ferme alors que la 1/2 permet de conserver confort et grip tout en limitant le pompage.

Bas...très bas !

La hauteur du boîtier de pédalier, si elle est un atout en descente lorsque les manivelles sont à plat, se révèle très basse, trop basse même , surtout avec l’amortisseur en position « low » : au pédalage, à la moindre irrégularité qui effleure du sol, le pédalier ou la pédale touche ! Il en résulte que cette position est tout simplement inutilisable, sauf à la rouler sur un terrain vraiment propre ou lors d’une journée en bike park ou il n’y aura pas à pédaler beaucoup.

Sur la position « high » c’est déjà mieux, mais les manivelles ont quand même tendance à taper souvent, même avec un SAG assez ferme… en résulte qu’il faut vraiment bien calculer ses trajectoires et la position de ses pédales lors des montées techniques, parfois même stopper son pédalage et adopter la technique « trial » (petits mouvements de manivelles vers l’arrière puis vers l’avant afin d’avancer tout en gardant les manivelles aussi horizontales que possible) pour être sûr de passer certains gros obstacles. Et même avec tout les efforts du monde, ça finira par toucher, cassant au passage l’élan et endomageant le matos, ce qui est vraiment handicapant sur les terrains très rocailleux qui sont mon quotidien, ou sur des sentiers en dévers par exemple, à tel point que j’envisage l’achat de manivelles en 165mm afin de gagner 5 précieus milimètres de garde au sol.

En descente

Là ou j’attendais ce vélo au tournant, c'était dans sa capacité à descendre, et à s’aventurer en bike park, c’est mon premier 29’’ et j’appréhendais particulièrement une perte de vivacité dues aux grosses roues. D’autant que sur le papier, la géométrie semble favoriser la stabilité (généralement au détriment de la maniabilité). Mais sur ce plan le Evo bouscule tout les à prioris, car stable il l’est en effet, très même ! mais contrairement à mon précédent enduro sur lequel j’avais la sensation de « rail » qui nuisait à la maniabilité, ce Stump EVO demeure d’une vivacité et d’une précision excellente, tout en étant rigoureux et sécurisant, on l’emmène exactement sur la trajectoire que l’on aura choisie et la mise sur l’angle est un régal, comme si Spé avait réussi avec cette géométrie à enfin solutionner la dichotomie stabilité vs maniabilité !

La position en descente est honnête avec le cockpit d’origine même si j’ai finalement opté pour un cintre race face atlas 780mm de large et potence renthal en 31mm un duo bien rigide qui apporte encore plus de précision et une meilleure position en descente, car le poste de pilotage demeure assez bas et la roue avant se trouve naturellement assez chargée dans les dénivelés négatifs et donne parfois l’impression d’être assez fuyante et manquer de grip sur l’angle. La position demande donc à être davantage rééquilibrée vers l’arrière qu’à l’accoutumée et Il ne faudra pas hésiter à exagérer ses mouvement lorsque l’on vient se positionner derrière la selle pour affronter la pente, ou son déhanché lors des virages car de l’angle, il en redemande  pour tirer parti de son plein potentiel de descendeur né. A basse vitesse, et dans les passages trialisants, il tire bien son épingle du jeu, même si il souffrira d’un petit manque de précision de l’avant déjà dénoncé en montée (je suspecte le 29’’).

Là ou le stump est le plus à l’aise, c’est à moyenne vitesse, sur un single roulant pas trop défoncé qui virevolte ou une piste plus large avec diverses trajectoires possibles, que le spad abordera toutes avec enthousiasme grâce à sa maniabilité qui invite vraiment à jouer avec le terrain, vraiment fun à piloter !

Egalement très à l’aise en saut, il a caractère joueur et est très maniable en l’air, les whips sont un bonheur à son guidon ! Par contre, mieux vaut avoir une belle réception, car l’amortisseur arrière raffermit très vite et rappelle brutalement au pilote qu’il ne dispose « que » de 140mm de débattement.

Lorsque la vitesse augmente par contre, c’est une autre histoire, les suspensions ont du mal à suivre les successions de chocs et se montrent complètement débordées sur terrain vraiment cassant, en particulier à l’arrière. le vélo demeure sécurisant grâce à sa stabilité et les grosses roues qui pardonnent et avalent plus facilement les obstacles, mais le résultat est que ce qui n’est pas encaissé par les suspensions, le sera fatalement par le pilote, c’est donc un vélo exigeant physiquement sur les longues descentes à vitesse soutenue, et au confort assez spartiate. Au début je me disais que mes réglages étaient juste mauvais...mais renseignements pris, il semble que ce soit effectivement l’amortisseur qui soit en cause, et non les réglages ou la géométrie du vélo car après avoir roulé avec différentes pressions et settings de fourche et amortisseur, rien ne change, le vélo demeure dramatiquement inconfortable à haute vitesse, la fox 36 Rhythm s’en tirant un peu mieux, mais tout de même décevant car on en viendrait parfois même à oublier que l’on est sur un Trail/enduro tellement il permet de s’amuser dans le négatif... jusqu’à ce que les suspensions vous rappellent à l’ordre !

L’équipement

La bonne surprise sur ce vélo, outre la finition irréprochable du cadre ce sont les jantes bien larges Roval traverse, montées sur des moyeux Specialized via un rayonnage DT Swiss, ayant un gros gabarit j’ai rarement été satisfait par les roues de première monte, et j’appréhendais d’autant plus la rigidité du 29’’, mais cette combinaison offre une rigidité impeccable, combinée à une solidité plus que suffisante pour le programme, après un an d’utilisation, aucun voile, le corps de roue libre et les roulements ne présentent pas de signe d’usure notable, et un seul impact à déplorer sur le cerceau (suite à une crevaison). De plus, ces roues (ainsi que les pneus de 1ere monte) sont 2bliss ready, autrement dit, compatible tubeless, aussi, il suffit de retirer les chambres à air, installer une paire de valves (fournies) et du liquide préventif pour passer en tubeless !

Sur ces roues on trouve les pneus de la marque « maison » Butcher Grid , si l’arrière est correct avec un très bon grip en montée et si la paire offre un débourrage excellent dans le gras, autant l’avant ne m’a pas convaincu, sur l’angle il manque cruellement d’accroche, et on ressent assez souvent cette désagréable sensation de perdre l’avant, problème résolu par le montage d’un Maxxis Assegai. A noter que ces pneus spé se révèlent redoutables...dans la neige !

Niveau transmission pas grand-chose à dire, le groupe Sram NX Eagle est fiable et robuste, rapports bien étagés bref, il fait son taf ! le petit guide chaîne est suffisant mais on regrettera l’absence d’un sabot inférieur pour protéger le pédalier car avec un boîtier aussi bas, il n’est pas rare de faire toucher le plateau sur certains obstacle

Le protège base est également de très bonne facture, efficace, silencieux, et surtout ne se décolle pas au bout de deux sorties comme chez certains concurrents…

J’ai fait le choix de pédales composite Stamp 1 de chez Crank bros, d’une part pour leur finesse mais aussi car le plastique encaisse mieux les rencontres avec les pierres qu’une cage alu !

Idem pour les freins également signés Sram, plutôt gros pour le programme, ils font parfaitement leur boulot, je note juste que les plaquettes d’origine ont un touché assez « on/off », un remplacement par deux paires de chez Brake Authority a apporté un vrai plus au niveau du touché et du dosage.

La selle Specialized est satisfaisante, possède une bonne ergonomie mais demeure assez ferme et se montre usante sur les sorties de plus de 30km, elle est montée sur une tige de selle télescopique X fusion, 150mm de débattement avec commande au guidon, cette dernière à dû être renvoyée en service SAV au bout de quelques mois car elle ne remontais plus du tout, depuis réparation plus de soucis de ce côté là mais elle présente maintenant du jeu d’avant en arrière, j’imagine que les bagues de guidage sont déjà en fin de vie, pas très fiable tout ça !

Les suspensions maintenant… là, j’ai à dire !

A l’achat de ce vélo, j’était vraiment excité à l’idée de rouler ce duo Fox, et quelle ne fut pas ma déception… Si la fourche 36 Rhythm (entrée de gamme malgré une cartouche Grip) donne plutôt satisfaction même si elle manque un peu de sensibilité sur les petits chocs et de confort dans le rapide, c’est surtout l’amortisseur DPX2 qui montre vite ses limites, pourtant sois disant optimisé pour ce cadre (RX Trail tune) il « rentre » vite dans le débattement lorsque la vitesse augmente et s’affermit trop, si bien que le confort devient inexistant, même constat en réception de saut, on « tape dans le dur » directement, sans aller jusqu'à talonner.

Tout cela nuit au confort et au grip du vélo évidemment, et les réglages ne sont d’aucun secours pour y remédier : accélérer la détente ne fait qu’empirer les choses !

Les réglages disponibles sont minimalistes, précontrainte par air, détente et compression réglable sur 3 positions à l’arrière et via la molette de la cartouche Grip à l’avant, bien pour ceux qui n’aiment pas passer des heures à trouver un setting à leur convenance, mais qui limite forcément les possibilités d’adapter son vélo à son terrain de jeu, or, on en aurait bien besoin ici .

Coup de gueule !

Après 4 mois de roulages seulement, le réglage de compression de l’amorto a subi une avarie : il demeurait en position ouverte quelque soit la position choisie, après avoir pris contact avec le shop pour la prise en charge de garantie, ayant déménagé en Finlande entre temps, (et l’importateur Fox en Finlande n’ayant même pas daigné répondre à mon mail) j’ai dû renvoyer à mes frais l’amortisseur en France et le shop à généreusement proposé de payer les frais retour, même si la réparation de l’amortisseur par FOX France a été faite rapidement, je trouve ça inadmissible que Fox aie refusé de prendre en charge au moins une partie des frais de port alors même que c’est bien leur responsabilité si leur amortisseur n’est pas fiable (en plus de ne pas être performant… )car si j’ai acheté un vélo neuf à la base, c’était pour justement m’éviter ce genre de tracas, et le pire c’est qu’à l’heure ou j’écris ces lignes, le problème est en train de revenir et le blocage de l’amortisseur est de moins en moins efficace… et comme je ne tiens pas à débourser 60 balles pour envoyer cette m**** en SAV tout les trois mois. J’envisage donc le remplacement de l’amortisseur, mais doute encore sur l’adoption d’un modèle à ressort ou à air, une chose est sûre, ce ne sera pas du Fox !

En conclusion, pour qui ?

Avec ses gros freins et sa géométrie radicale mais réussie, il se destine avant tout à ceux qui privilégient le plaisir en descente à la performance pure en montée, mais qui souhaitent toutefois un spad capable d’ enchainer les kilomètres et avaler les cols les plus raides avec autant d’aisance qu’il aura à les descendre.

Stable ET maniable le stump EVO semble conçu pour ces pistes modernes et épurées qui fleurissent dans les bikepark, très lisses et rapides, privilégiant le flow et avec de nombreux sauts, ainsi que les single trails bien roulants, plutôt que des pistes naturelles plus lentes, techniques et cassantes, ceci dit, avec un peu d’expérience il saura vous emmener sur n’importe quel terrain de jeu.

Vélo relativement facile à la prise en main, je le déconseille néanmoins aux débutants qui n’auront pas forcement le bagage technique nécessaire à en tirer son plein potentiel autant en montée qu’en descente, ni le physique pour l’emmener à hautes vitesses ou dans de longues sorties, il semble toutefois tout indiqué comme une arme pour la progression!

C’est une base excellente, avec un équipement d’origine plus qu’honorable si ce n’est ce fichu amortisseur arrière, qui n’est vraiment pas à la hauteur et bride le potentiel de ce vélo par ailleurs si amusant à piloter que ce soit en bikepark ou sur vos single habituels !

On est donc très proche du fameux « vélo à tout faire » qui saura vous emmener partout avec enthousiasme, et vous poussera à dépasser vos limites quelque soit le sens de la pente !


Pour qui ?

Pilotes intermédiaires à expérimentés qui souhaitent un vélo à tout faire pour progresser. et qui privilégient le fun à la performance pure et dure.
8/10
Prise en main
Stabilité
Maniabilité
Capacité à descendre
Capacité à monter
Comportement en l'air
Qualité d'équipement
Finition du cadre
Facilité d'entretien

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