Test Five Ten Freerider Pro 2020

10 tests Five Ten Freerider Pro.

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Note moyenne : 8,3/10
DDN
Par DDN

Un mauvais jour sur le vélo est toujours mieux qu'un excellent jour au boulot

Avis sélectionné
Profil du testeur : 50 ans | 1,80m | 76kg | Avancé | Rochefort
Conditions du test : Un mois, environ 350 km de boue / herbe / sentier / chemin blanc.

Points forts

Accroche magique sur la pédale.
Belles, très belles.
Confort optimal.
Bien protectrices en tenant compte de leur légèreté, de leur souplesse et de leur confort.

Points faibles

N'oubliez pas d'ouvrir la boite avec des lunettes de glacier sous peine de coup d'arc.
Lacets noirs, languettes bleues : pas assez cool, mon fils.
Probablement pas assez renforcées pour ceux qui enchainent les tables de 3 mètres dans le Colorado.

Avant de débuter mon test, je vous donne un avertissement de sécurité capital si vous venez d'acquérir ce modèle et de troquer vos cales auto contre des plates avec ces chaussures (ce que j'ai fait)

Avec ces cinqdix, vos pieds sont vissés sur les picots de la pédale. Votre cerveau agile accoutumé depuis longtemps aux autos interprète ça (inconsciemment tout seul, sans intervention du cortex) comme "clipsé". Donc pour sortir le pied de la pédale votre cerveau (inconsciemment tout seul, sans intervention du cortex) envoie le message "déclipser", en tournant le pied. Et là, miracle, rien ne se passe et boum, par terre. Conclusion : si vous venez de passer à ça + pédales plates à gros picots après des années en auto, donnez vous quelques heures de ride avant d'envoyer la saucisse, sous peine de blessure, et pas seulement d'amour propre.


Conseil donné... Test !


L'était une fois, j'étais ado.

Je faisais du skateboard à la fin 80s / début 90s, l'époque big pants small wheels que les moins que centenaires ne peuvent pas connaitre. Mais si graine d'andouille de vieux croulant, tout le monde la connait ton époque soi disant mythique et tous les vieux cons racontent qu'ils usaient de l'uréthane à ton époque. Sauf que moi, j'ai des photos avec ma personne sur l'un puis l'autre des légendaires modèles de Vallely, la Powell Elephant et la World Industries Barnyard. Et une copie originale de Streets On Fire en VHS quelque part dans la cave. 

A cette époque, on jurait tous par Airwalk et Vans. Quelques uns aimaient les Etnies. Et il fallait être un blaireau de troisième zone pour mettre autre chose. Ou Natas, avec ses grosses Converse marquées "CONS". Ou Jason Jesse, avec les siennes marquées rien. Ou... Je m'égare. Sauf qu'un jour, celui qui allait devenir une star internationale et l'emblème de la skataborda moderne a pris tout le monde à rebrousse-chaussette en mettant (presque) les mêmes pompes que Starsky*. En gros d'un jour sur l'autre, les Adidas old-school sont passées de la pire daube de fond de cuve à la hype la plus géniale. Depuis, Nike et Adidas ont mis des camions-benne de monnaie dans le truc. Et cette année, la board qui glisse sur quatre roulettes devient un sport olympique. Tout ça grâce notamment à cette personne. Hail Mark Gonzales.

Donc : fort de son expérience dans la planche à roulettes, Adidas a racheté Fiveten pour 25 très gros biftons de 10*6 dollarz en 2011

5.10 a été fondée en 1985 par M. Cole. Grimpeur (d'où le nom de la marque) et amateur de sports de pleine nature en général, décédé vraiment tôt l'année dernière quelques années seulement après avoir encaissé le pactole.

Vu qu'il s'est trouvé personne pour être le Gonz du vétète et qu'il fallait étendre les parts de marche sur l'Outdoor pour casser les c**illes à Nike, il a bien fallu sortir le portefeuille. Ca tombe bien chez la famille Dassler l'a gros, le portefeuille. Alors adieu l'entreprise familiale basée en Californie, bonjour l'ex-business à Bernard Tapie et maintenant y'a un petit logo aux trois bandes en dessous de ta shoe gravity ex-underground-and-indie.

Mets la gomme, Charles.

Quelques mots de la fameuse gomme Stealth qui équipe tous les modèles de la marque, fruit de la collaboration de M. Charles Cole et d'ingénieurs chimistes. Au tout début, la meilleure vente de 5.10 c'étaient des semelles de réparation / couverture des chaussons d'escalades qui accrochaient mieux que tout le reste du marché selon leur fameuse publicité : "deux sacs en papier ressemelés avec la gomme Stealth, accrochent mieux que n'importe quel chausson d'escalade du marché". Plébiscité par tout le monde et breveté, ce matériau tient ses promesses comme nous le verrons plus loin.

Allez, on arrête de déblatérer et on les sort de la boite.

Les mecs de chez Dadasse, je vous donne un conseil : des grolles à ce prix là, soignez le packaging et évitez de les flanquer dans une bwatencarton moche et anonyme. Regardez chez On, ils ont tout compris : un emballage eco-friendly super beau et bien décoré. Ou alors, virez carrément l'emballage et vendez des godasses en vrac.

En les sortant, j'ai pris un coup de soleil tellement elles sont FLUO. Bleues marines et jaune fluo, mais alors un FLUO qui te myosise l'oculaire. Moi j'adore le fluo, justement à cause de la sus-mentionnée époque big pants small wheels où tout le monde trouvait ça ringardos. Elles sont magnifiques, c'est rien de le dire, beaucoup plus belles que les freeriders classiques qui font banales à côté.

La qualité de fabrication saute immédiatement dans ta face : semelles cousues sur tout le pourtour (cf. photo) même si seule la couture de devant est apparente, renforts partout, mousse hyperdense aux chevilles et sur la languette, semelles ultra-rigides. Et le détail qui tue : les bouts de lacets sont en métal fluo... Je regrette juste que les lacets eux mêmes, par ailleurs d'excellente qualité, soient noirs au lieu de marine assortis à la languette.

Hop in, man.

Je les mets, b*rd*l elles sont trop petites j'aurais dû demander la pointure au dessus. 44 je fais en chaussures de ville mais souvent 44.5 ou 45 en chaussures des champs. Hélas une expérience malheureuse avec des Diadora trop grandes en 45 au bout de deux semaines mousses tassées m'a purgé du trop grand, ampoules à l'appui. La semaine d'après mon palpitant recommence ses conneries et je me retrouve HS pendant trois mois sans avoir pu / pensé / pris le temps de les renvoyer pour avoir la "bonne" pointure.

Sorti de l'hosto, je les mets en casual de temps en temps pour les élargir, pour pouvoir faire au moins un peu de test une fois vaguement rétabli. Et tu sais quoi, elles s'assouplissent assez vite, sont à peine justes en longueur et parfaites en largeur pour mes gropiés de yéti.


Notez que le test IRL ci-dessous a été fait avec les pédales nylon Scudgood fétiches de Razgriz présentes sur le 29+ et le 27.5 qui sont réputées pour leur accroche de malade et avec des plates alu classiques présentes sur le vélo de courses** qui sont réputées pour que dalle. Mes chaussures habituelles sont des XC rigides pour pédales auto en vélotaf, des Pearl Izumi Fuel pour pédales auto en VTT trail / rando / gravel et des SK8Hi MTE quand je vais faire l'andouille en grovélo avec les enfants.


Tremblez, ghodhasses, voici le terrrrrible test du Vhélôtahfff.

En matière de solidité d'une paire de trucs à mettre dans les pieds, je ne connais rien de mieux que mon trajet quotidien l'hiver. Selon l'inspiration et la forme du moment je peux rouler sur route, pavés, bouillasse, chemin, sentier, et selon les jours je fais de 10 à 30 km. Les Rockrider de XC bien fluos et bien rigides / solides m'ont duré un an et elles sont bonnes à poubelliser, Boa cassé et trou dans la doublure.

Sur le fond, rouler 80 bornes par semaine pour aller au boulot n'a rien d'extraordinaire, mais dans la vraie vie mon trajet met les chaussures à rude épreuve en raison des conditions atmosphériques pourries permanentes de l'hiver Charentomaritimais. En plus certains jours je passe par un vrai itinéraire de grovélo où je laisse sortir le pied, comme aujourd'hui avec mes nouvelles Librerouleur fluos... Non mais, il sort pas ce con de pied !!! Le temps de dire ouplalajvémcassélagueule, je suis par terre. Une fois relevé, j'essaie de reconstruire la chute qui a meurtri mon amour propre et ma fesse gauche. J'ai mis quelques heures à comprendre, et au retour par le même chemin ça devient clair : pour décrocher le pied j'ai fait instinctivement le geste de déclipser en tournant le talon vers l'extérieur, puisque j'utilise depuis toujours des auto sur le vélotaf. Sauf que là ce mouvement ne décroche rien vu que la semelle est vissée sur les picots : on soulève et on dégage et là miracle, ça sort. D'où le conseil du début.

Ce sont les seules chaussures que je connaisse qui ne glissent pas sur les pavés de la descente vers la Corderie Royale où je vais tester toutes mes chaussures de trail. Dommage que les Freeriders soient trop rigides pour courir et que 5.10 ne fasse pas de godasses de coursappié.

Pour en revenir à la solidité, elles n'ont pas bougé depuis que je les utilise, elles sont juste plus souples sans être molles et ça présage d'une bonne tenue dans le temps.

Tu fais tout en vélo ? Mais t'es pas bien mon pauv' gars.

Je sais pas, je me rends plus compte que c'est pas normal d'aller faire les courses, poster le courrier ou aller à l'entrainement en vélo, alors que j'habite en ville à moins de 5km de tout. Oui, mais tu comprends, il fait froid et il pleut. Non, je comprends pas, justement.

Donc : vélo de courses**. Va chez Biomonde acheter des nouilles, des pommes et du seitan, va chez Noz acheter une doudoune Odlo à 30 balles, va chez Intersport acheter des jambières Sportful en soldes. Même sur des pédales alu pouraves réputées glissantes elles se révèlent accrocheuses et me permettent d'envoyer les watts via leur semelle bien rigide. Une fois arrivé, je marche comme si j'avais des pompes normales jusqu'à plusieurs kilomètres et comme j'ai souvent des sneakers hyper voyantes je ne choque pas ceux qui me connaissent.

Rando.

L'accroche est juste incroyable, impressionnante, inoxydable, indescriptible, et... J'ai pas de mots, là. La combinaison de l'accroche démentielle de la gomme Stealth, de la forme des dessins de la semelle où les picots vont se coincer et de la rigidité de l'ensemble font que l'ensemble pied / pédale a l'air cloué quand on appuie et quand on roule. C'est un peu perturbant au début de ne pas pouvoir replacer le pied sur la pédale autrement qu'en le soulevant complètement mais à l'usage ce petit revers de médaille est vite oublié.

Par rapport à des auto, on perd probablement en rendement malgré la grande rigidité de la semelle, mais le fait de pouvoir marcher normalement y compris sur de la caillasse ou des pavés et en portant le vélo en montée est très appréciable. L'absence de crampons hauts les pénalise seulement dans la bouillasse profonde à gros dénivelé façon cyclocross et dans les graviers secs où de toutes façons quasiment rien n'accroche. Pour le reste des terrains, l'accroche de la gomme suffit sur le sec et sur le mouillé.

Le confort sur des sorties longues, même avec cette pointure un peu juste, est excellent. Je n'ai pas ressenti de serrement désagréable au niveau de l'avant pied dont certains se plaignent, mais peut être que c'est lié à la "meilleure qualité" de la freerider pro par rapport à la freerider normale ? Ou à la durée plus courte de mes sorties longues qui sont seulement en train de se rallonger, si vous me suivez ?

Les mousses m'inspiraient confiance au toucher vu leur densité et leur épaisseur et en effet c'est du chausson charentais. Un deuxième détail qui tue, la double accroche de la languette aux lacets évite que celle-ci ne pivote et soit inconfortable / blessante et lui permet de garder son rôle protecteur du cou de pied. Le genre de truc qui n'a l'air de rien qui s'avère grandiose à l'usage et qui montre que les designers font attention aux besoins réels des usagers du produit.

Un peu de cross, peut-être ?

Aujourd'hui, on appelle ça de l'enduro, mais quand j'étais gosse sur mon Raleigh Grifter on appelait ça faire du cross, en gros rouler le plus vite possible sur le plus défoncé possible, de préférence en descente. Je savais que je n'avais pas besoin de tester le domaine de prédilection des freeriders mais je l'ai fait quand même, emmenant au passage le Wilier 29+ de madame à des endroits où il n'est pas supposé se trouver. Le contraste avec mes Vans Sk8Hi habituelles est saisissant. L'accroche est meilleure, le confort nettement meilleur et la sensation de protection du pied incomparable. Je ne vais pas m'étendre sur ce sujet, vous savez déjà tout ça.

Pour la protection, ce sont des chaussures légères et moins tankisantes que les Impact chères à M. Hill. Pas celui-ci de Hill, celui-là. Le renfort arrière supposé en uréthane et décoré façon affiche TLD est très efficace et le talon bien protégé. Les côtés des métatarses, la partie qui tape et frotte le plus en ce qui me concerne est bien enveloppée. Les malléoles sont très échancrées mais les mousses en dessous bien denses et je n'ai pas eu de baffe surprise dans cette zone. La légèreté étant une affaire de compromis, ces Freerider sont pour moi un équilibre parfait entre un poids contenu et un niveau de protection suffisant pour mes activités pas trop énervées.

Dans la bouillasse et la pluie, l'eau passe assez peu : les aérations du dessus ne m'ont pas posé problème et n'ont pas été plus perméables que les échancrures malléolaires susmentionnées (rappelez vous : quand vous passez dans une bonne dizaine de flaques, dès que vos chaussettes sont mouillées vos petons le seront, simplement par capillarité***). Pas encore de test dans la vraie chaleur mais hier il faisait bien beau et 18° et je ne me suis pas senti échauffé des pieds - ceci dit : légères, protectrices ou aérées, choisis-en deux****.

Conclusion précoce après un mois de ride, à réévaluer secondairement.

Je suis convaincu. Légères, suffisamment renforcées, confortables, dotées d'une accroche ahurissante et permettant de marcher vélo sur le dos tant qu'il ne s'agit pas de grimper 12% dans la boue, ces cinqdix sont parfaites pour ma pratique de rando longue / bikepacking, de vélotaf et d'enduro calmos.

Le seul commentaire négatif qui me vient reste les lacets noirs sur une languette bleue marine, et je mentionne ce détail insignifiant parce qu'à ce prix, ma tolérance à l'imperfection est faible.

Et le rapport qualité / prix ?

Je ne peux pas être certain que la dépense soit justifiée vu que 26in et 5.10 m'ont fait assez confiance pour me les envoyer tester (mercimercimerci, au passage).

150 balles à la sortie, ça fait 10€ de plus que des freerider pro classiques (cher le logo TLD) et 60 de plus que des freeriders pas pro qui sont déjà pas mal. On trouve les pro en soldes autour de 100 et celles là autour de 120. La vache, ça pique, c'est une somme et j'entends qu'on puisse considérer ça comme du gaspillage vu que mes SK8Hi MTE habituelles sont en promo sur VP régulièrement à moins de 30. Donc avant d'être sûr que ça vaut l'investissement, me faudra 4-5 ans.

Ce que je peux dire c'est que j'ai donné mes SK8Hi et remis des pédales plates sur tous les VTT et le vélo de courses en remplacement des autos et des mixtes SPD / plates Shimano dont j'étais très fan et dont je ne vois plus l'intérêt à présent.




* je dis presque parce que celles de Starsky c'est des SL 72 et celles du Gonz' plutôt des Gazelle mais bon vous saisissez le topo

** vélo de courses = vélo pour aller faire les courses

*** je fais encore mon laïus habituel : des chaussures étanches, ça finit toujours par être mouillé. Et quand ça l'est, ça met plus longtemps à sécher que des chaussures aérées.

**** référence à une maxime vététiste bien connue attribuée à M. Bontrager :  "solide, léger, pas cher = tire deux cartes."

Pour qui ?

Pour tous ceux qui choisissent la légèreté et la souplesse dans le rapport confort / poids / protection et qui ont un peu de pépètes planquées chez l’Écureuil.

Commentaires

2 Commentaires

Sib64 Ok, chapeau bas pour le test. Ça c'est du test, pensé et rédigé avec une syntaxe agréable et un zeste d'humour diffusé avec parcimonie tout le long de cette prose.
Tout y est le +, le - avec une bonne argumentation.
Well done @DDN
DDN @sib64, merci beaucoup pour ton commentaire, très apprécié.
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